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Notre pays a la Gueule de Bois

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richardrault

Le pays a la gueule de bois et on se demande entre deux spasmes si la fin n’est pas arrivée. Notre industrie touristique est pour quelque temps sous perfusion de l’aide gouvernementale et notre secteur financier moribond. Nous avons basculé dans la liste noire de l’Union Européenne et sommes donc dépourvus d’investissements des fonds souverains comme ceux des institutions européennes. La banque centrale indienne a décrété que les sociétés financières créées à partir d’investissements provenant de pays placés sur la liste grise de la FATF, dont nous faisons partie, seront refusées en Inde.

Nous sommes devenus des pestiférés dans le monde financier.
En plus, nous sommes connus pour être une passoire en matière de trafic de drogues. Nos oreilles sifflent encore des reproches de M. Lecornu, ministre français de l’outre-mer, sur notre laxisme pour la surveillance de nos côtes, ce que les soupçons liés au trafic de stupéfiants qui trainent dans le sillage de la marée noire du Wakashio, n’ont que trop mis en évidence. Le mystère demeure sur les transferts des officiers du renseignement qui auraient averti leurs supérieurs sur l’arrivée prochaine d’une cargaison record de drogues. Le rapport Lam Shang Leen a déjà démontré que l’axe principal de l’entrée des drogues sur notre sol est la voie maritime. Ce que la fermeture des frontières avec la pandémie du Covid a confirmé. Cependant tous les observateurs clament que le pays ne connait aucune pénurie de drogues. Nous attendons toujours que les recommandations de la Commission, avec en tête le démantèlement de l’ADSU, soient mises à exécution, mais le laxisme des autorités en la matière n’est que trop patent et de voir les affaires majeures de trafic de drogue tourner court, à l’instar de la libération sous caution de certains suspects pendant le confinement, nous fait penser au pire sur leur intégrité. Pourquoi fallait-il envoyer le chef de notre antenne de renseignements en Afrique du Sud pour récupérer Navin Kistnah, principal suspect de l’affaire de l’importation des 135Kgs trouvés dans le Port en 2017 ? Plutôt que des officiers de la police régulière ! Ni ne pouvons-nous nous expliquer son silence sur les tenants et aboutissants de cette affaire ! Nous sommes même passés à d’autres interceptions de drogues depuis, avec notamment les 95Kgs de cocaïne trouvés sur le navire qui transportait la rame de métro Mauricio. Encore une enquête qui tourne court et la drogue continue à faire des ravages chez nous et provoque de nombreux drames dans notre quotidien. Autant le dire, la confiance de la population quant à la volonté réelle des autorités à s’attaquer au trafic de drogue est nulle ! Il n’est pas impossible que des complicités de haut niveau soient à la manœuvre et que les têtes du trafic de drogue soient en fait situées dans nos hautes sphères. Rajoutons à cela notre propensité à accumuler les scandales politico-financiers. Entre la Saint-Louis Gate, le Medical Gate, l’affaire Landscope, les nominations politiques les unes plus scandaleuses que les autres, puis le naufrage du Wakashio, avec début aout la marée noire qui a souillé la côte sud-est, puis début septembre celui du Sir Gaëtan et la mort de trois marins et la disparition de son skipper, il y a de quoi attraper le tournis. Nous blâmerons certes notre classe politique mais sans chercher les causes réelles de l’état de notre situation et bien entendu le gouvernement actuel, qui n’a cessé d’accumuler les scandales et les maladresses. Cependant n’oublions pas les frasques commises sous le précédent régime et le népotisme comme le copinage ambiants qui avaient alors régné. Ce sont des modes habituels de gouvernance qui sont communs à tous les régimes et créent l’impunité qui nous vaut d’être mis à l’index par le reste du monde. Tant que les choses marchaient bien, nous fermions les yeux et tolérions la corruption ambiante en espérant que cela ne nous vaudrait pas trop de pertes sur les indices internationaux. Nos dirigeants distribuaient quelques faveurs par ci ou par là pour nous endormir. Tant pis si nous perdions des points sur l’index de perception de la corruption par Transparency International puisque nous demeurions attractifs pour l’investissement. Que l’argent coulait suffisamment à flots pour faire taire les ‘importuns’ et les ‘insignifiants’ qui dénonçaient les scandales et clamaient que la drogue faisait des ravages ! Désormais, la FATF nous plonge sur sa liste grise et l’UE sur sa liste noire. Il ne sert à rien de s’étonner car nous l’aurons bien cherché. Nous pouvons également dire adieu à notre place de premier de la classe Afrique et ne sommes même plus dans le Top 10 des nations sur le plan des investissements. Nous payons bien cher notre torpeur face à la corruption. Il ne suffira pas de mesurettes comme la réformette apportée avec l’Anti Money Laundering & Combatting the Finance of Terrorism Act (AML&CFT Act 2020) que notre Parlement aura votée avant sa prorogation pour démontrer notre intégrité. Que le régime actuel, comme ses successeurs, se mettent en tête qu’il n’est plus question de simplement berner une population trop crédule pour que ce soit à nouveau « business as usual ». C’est le reste du monde qu’il faudra convaincre de notre bonne foi et de notre volonté de combattre la corruption et le trafic de drogue. Nous sommes observés et ce qui se raconte à notre égard est loin d’être beau.


Le reste du monde nous fait comprendre que nous sommes des voyous et que nous serons traités comme tels.
Nous étions tous coupables d’avoir fermé les yeux et toléré cet état de choses. Chaque fois qu’éclate un nouveau scandale ou que l’on intercepte une nouvelle cargaison de drogues, il y va de notre crédibilité face au reste du monde.

Dernier exemple en date : l’affaire de la boite noire du Wakashio ! Au lieu d’annoncer des enquêtes sur l’absence de messages de la NCG au vraquier responsable de la marée noire du 6 aout, des suspensions des officiers fautifs, notre Police Nationale veut au contraire dédouaner la NCG à tout prix. Il faut se défaire de cette culture d’impunité et cela passe par notamment sanctionner et non couvrir comme nous le faisons systématiquement. Il devient en effet urgent de réformer l’ICAC et recréer une image saine au sein de cet organe d’investigations auprès de l’opinion publique. Une suggestion serait de consolider le mode de désignation de son directeur-général, en confiant la direction de l’ICAC à un triumvirat composé des directeurs de l’Audit et de la MRA et du DPP, au lieu de laisser au seul PM le soin d’en désigner le titulaire. Il faut aussi implémenter les recommandations de la Commission Lam Shang Leen. Des législations fortes comme la Freedom of Information Act, la loi sur le financement des partis politiques ou encore la fin du monopole d’Etat sur la TV nationale sont encore des exemples de signaux forts à envoyer. Mais surtout il importe que tous, nous changions de mentalité ! Nos vieilles habitudes de « mardaye » doivent être extirpées de nos mœurs. Rappelons-nous toujours : nous avons plein de Big Brothers à nous observer. Même Mother India se détourne de nous ! Nous avons besoin d’eux, alors qu’eux peuvent se passer de nous. Il y va de notre survie : réveillez-vous citoyens, il n’est pas encore trop tard mais l’heure tourne…

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