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Healthcare | Santé, parlons chiffres

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Lits et Personnel

Selon les Health Statistics 2018, dernier point de référence public en date du Ministère de la Santé, Maurice comptabilisait 4 415 lits. 3 691 étaient recensés dans  les établissements publics, y compris 173 à Rodrigues et 724 lits étaient répartis à travers les 19 cliniques privées de l’ile.

Depuis, l’établissement public spécialisé en oto-rhino-laryngologie (ENT), a été rénové et sa capacité d’accueil est passé de 50 à 120 lits. Toutefois, dû à la pandémie, ces chiffres sont susceptibles d’évoluer avec, notamment, la transformation de chambres en espaces d’isolement et/ ou en unités temporaires ou permanentes de soins intensifs.

En termes de personnel médical, en 2018, on recensait au total 3 210 médecins, 411 dentistes, 4400 infirmiers et 536 pharmaciens. Maurice comporte bien évidemment tout un ensemble d’autres professionnels de santé qui ne cesse de se diversifier.

Zoom sur les maladies respiratoires

Environ 10% des patients consultent annuellement pour affections de maladies respiratoires. En 2018, on recensait 636 148 cas d’infections respiratoires des voies aériennes supérieures (Upper Respiratory Tract Infections). Et, la même année,  11,7 % des décès, soit 1233 ont été attribués aux affections respiratoires.

Vous pouvez consulter les Health Statistics 2018 sur ce lien:

http://health.govmu.org/English/Statistics/Health/Mauritius/Documents/HEALTH%20STATS%20REPORT%202018.pdf

Vous pouvez retrouver cette compilation de données que j’ai faite sur:

https://infogram.com/key-figures-on-hospital-beds-in-mauritius-2018-figures-unofficial-recap-1h0r6r9k1jj36ek

santé
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Avant 2003, le budget d’hôpitaux publics français était géré par le Budget global, sous la forme d’enveloppes annuelles. Si les fonds venaient à manquer, une demande de rallonge était avancée et, souvent acceptée. Puis le gouvernement français a drastiquement changé son approche à travers le Plan Hôpital 2007, progressivement implanté à partir de 2004. Reposant sur une structuration des établissements en pôle de soins ainsi qu’un mécanisme appelé la Tarification a l’activité (T2A), cette profonde modification des finances a connu des fortunes diverses et variées comme l’attestent les récentes grèves des urgentistes. Toutefois, une avancée a été certaine, celle de l’accès à des données informatisées sur l’ensemble des départements qui constituent le fonctionnement de l’établissement de santé, notamment les plus complexes d’entre eux, les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU)

Une ville dans la ville, c’est ainsi que sont qualifiés les Centre Hospitaliers Universitaires (CHU) en France. Véritables poumons d’emplois, ce sont de prestigieux hôpitaux qui ne font pas que soigner, mais qui investissent également dans la recherche la plus poussée et sont souvent à l’avant-garde des nouvelles approches en matière de prise-en-charge. Plus de 10 000 employés de tous les secteurs de soin, repartis parfois sur des sites éloignés à des dizaines de kilomètres de distance, la gestion de ces CHU n’est pas chose simple. Ce qui fait, que l’administration est confiée à des gestionnaires et directeurs qui sont rarement des médecins, et qui travaillent en étroite collaboration avec les chefs de services et les cadres supérieurs en charge de la rotation du personnel soignant.

C’est dans le sillage de la modification du financement des hôpitaux que les départements de contrôle de gestion et les départements d’information médicale (DIM) ont pris leur essor. D’une part des gestionnaires de profil financier issus, par exemple, de grandes écoles de commerce, et d’autre part, des médecins ayant appétence pour l’analyse et le contrôle de données médico-sociales. Pour schématiser, le reporting sur l’activité médicale et les diagnostics patients n’est possible que parce que cela repose de prime abord sur des données qui sont  rendues anonymes par les médecins du DIM. Ainsi, il serait faux de penser que la gestion par des administratifs est en quelque sorte coupée de la réalité et des contraintes médicales car des médecins sont au cœur du dispositif.

Ce long préambule est nécessaire pour aborder la question de la pertinence de l’informatisation des données dans les établissements et ce que cela pourrait apporter à Maurice. Le modèle français peut servir d’inspiration sur de nombreux points.  Le premier gain, le plus précieux est celui du gain de temps, sous n’importe quel angle d’approche. Qu’il s’agisse de faire un suivi quotidien, mensuel, annuel ou sur un plus long laps de temps.

La disponibilité de données fiables sur un réseau informatisé peut grandement aider tant à mieux gérer un établissement, qu’à mieux servir sa mission en termes de prévention et prise en charge des patients. Quel soulagement ce serait pour le personnel d’en finir avec les grands cahiers de rendez-vous, de remplir les cartes jaunes, bleues, roses et pousser les lourds dossiers dans les chariots. Pour le patient, également, ne plus devoir répéter à haute voix, devant une longue queue d’étrangers, et à chaque passage en mediclinic,  son âge, son numéro de téléphone et son adresse. Pour les personnes ayant des difficultés de déplacement, pouvoir consulter des données pratiques en ligne, comme la date de sa consultation. Voir, désormais pouvoir utiliser le dispositif de télémédecine et faire sa consultation sans devoir se déplacer…

Bien évidemment, en ce qu’il s’agit des données purement médicales, cela s’accompagne d’une nécessaire redéfinition du temps des soignants pour contribuer à ce dispositif et la mise a disposition d’outils connectés au système informatique. En France, les tablettes et applications ont fleuri au fil du temps. Par exemple, pour permettre aux médecins de coder les diagnostics principaux et associés ainsi que les actes, ou encore la prescription de médicaments ou de dispositifs médicaux (prothèses etc), des listes de codes sont organisées en fonction de la spécialité des professionnels et mis à leur disposition.

La gestion hospitalière, ne s’arrête pas à l’activité médicale uniquement. L’informatisation du secteur hospitalier entraine également un meilleur suivi de l’ensemble des dépenses engagées comme les dépenses de la pharmacie, du laboratoire, de la restauration, de la blanchisserie, du nettoyage, de la maintenance, mais aussi celles, toutes banales, comme les fournitures administratives, les consommations d’électricité, d’eau, de gaz médical etc. Elle permet de mieux calibrer les commandes mensuelles,  adopter une gestion proactive, détecter des anomalies.

En informatisant les données de l’ensemble des départements, ce qui est rendu possible, outre la gestion financière, c’est le suivi d’indicateurs cruciaux. Par exemple, le département Health and Safety peut vouloir suivre le nombre de flacons de gels hydro alcooliques “sanitiser”  utilisés. Une sous-utilisation pouvant alerter sur la nécessité de former le personnel à nouveau sur la désinfection des mains. Chaque département peut fixer les KPIs pertinents pour lui et utiliser le reporting régulier pour dialoguer avec les autorités et/ou la direction.

Alors qu’on parle de disruption et d’industrie 4.0, ne serait-il pas grand temps qu’on passe à la Santé 2.0? Mais en contrepartie, outre un dispositif de cyber sécurité robuste, l’éthique, la compassion, le désir d’exceller dans le soin et le respect de la vie privée (même au plus fort des campagnes électorales), devraient être la philosophie qui guide cette implémentation.

Photo credit: Marina Brijmohun

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