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Air Mauritius : L’administration volontaire et son volet politique.

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Notre compagnie aérienne nationale est sous administration volontaire depuis le 22 Avril 2020, cette décision a certainement été prise afin d’éviter une administration judiciaire qui aurait enlevé à l’actionnaire principal, l’Etat, la capacité d’être à l’initiative. Il est important dans ce contexte de rappeler à quel point Air Mauritius comme les Casinos de Maurice ont participé de manière particulièrement active à la croissance de notre économie. Dans les deux cas, il s’agit d’entreprises qui ont généré des milliards de roupies de revenues pour l’Etat directement et indirectement. Air Mauritius tout comme la SIC, l’actionnaire principal des Casinos de Maurice, ont leurs sièges aux « Air Mauritius building » à Port-louis, l’un comme l’autres ont subi le même type de gestion chaotique fut-il sous le régime Ramgoolam comme sous celui des Jugnauth.

Dans les deux cas, il y a des «politically appointed persons» placé pour servir le pouvoir du jour et non pas les intérêts de la compagnie. Même ceux ne bénéficiant pas de poste obtenu par l’intermédiaire du pouvoir politique du jour, se devait de se plier aux exigences de ce pouvoir s’ils voulaient conserver leurs emplois. Ce phénomène, presque banal à l’île Maurice, c’est aggraver dans le cas d’Air Mauritius, après les révélations sur la caisse noir « d’Air Mauritius ». Il y a eu une valse de CEO et dans un tel contexte il est difficile d’avoir un « business strategic plan » cohérent, surtout lorsque le gouvernement impose son agenda politique. Rappelons que le « Air Corridor » ou encore les ouvertures de ligne sur la Chine avaient pour objectif de rassurer les dirigeants Chinois sur le soutient de l’île Maurice à son projet de ‘Route de la soie’. La Chine n’a pas été dupé par le simulacre, car la situation militaire des Indiens alliés de la France à Agalega indique clairement le positionnement géopolitique de l’île Maurice, mais cela aura couté plusieurs centaines de millions à la compagnie d’aviation nationale au passage.

Au lieu, de décider d’y introduire plus de règles favorisant la transparence et la gestion en bon père de famille de ce joyau de l’économie qui a permis à des millions de touristes de visiter notre île. Le pouvoir, qu’il soit travailliste ou MSM, a malmené Air Mauritius en choisissant d’ouvrir notre espace aérien sans pour autant mettre en place des conditions avec les compagnies étrangères afin de protéger l’intérêt de notre compagnie d’aviation nationale. Il est bon de rappeler que même si cette décision d’ouverture de notre espace aérien est liée à des accords et conventions internationales pour favorisé le libre marché, rien n’empêchait l’Etat de garantir à « Air Mauritius » un certain niveau de compétitivité en encadrant l’organisation et l’accès aux marchés de ces compagnies étrangères. Rien n’obligeait notre compagnie nationale de remplir les avions d’ « Emirates Airline » ou encore d’abandonner des licences d’atterrissages valant plusieurs millions de dollars sur une destination comme la Grande-Bretagne. Ce sont ces décisions qui ont plombé les finances d’Air Mauritius.

En ce qu’il s’agit de la gestion du personnel prenons l’exemple de la gestion du fond de pension, car cela donne un éclaircissement objectif sur l’importance que la direction de la compagnie accorde aux employés qui produisent la richesse lorsqu’ils arrive à l’âge de la retraite. Une nouvelle formule a été proposé en 2018 et tout a été fait pour rassurer les travailleurs sur la capacité du fond existant à honorer ses obligations vis-à-vis des bénéficiaires. Il existe même un document attestant qu’Air Mauritius a pris un engagement auprès de la FCS pour renflouer le déficit du fond de pension.

Aujourd’hui on s’aperçoit que l’indisponibilité de fond oblige l’administrateur de la compagnie à revoir l’engagement prit à l’égard des employés éligibles. Ces derniers qui ont accepté sur requête de l’administrateur de partir en retraite sont dans le désarroi pour deux raisons :

Premièrement, les contributions pour la pension des employés recrutés à partir de 2002 ont été faite dans le « Defined contribution scheme » et à partir de 2006 avec la création d’Air Mate, Air Mauritius a recruté de moins en moins. La conséquence étant, moins de contribution pour le fond de pension.  

Deuxièmement, les faibles retours sur investissement du « defined benefit scheme » ont accentué les pertes du fond finançant les retraites de tous ceux recruter avant 2002 qui avaient fait valoir leurs droits à la retraite.

La question de la pension est intrinsèquement liée au non remplacement des départs, notamment à la retraite, du personnel d’Air Mauritius par des employés recrutés sous Air Mate. Cette question par extension est aussi liée aux heures supplémentaires imposés aux employés occupant des postes où les remplacements ne peuvent être suppléer par du personnel Air Mate.

Tous ce qui a été jusqu’à présent évoqué, ne sont que des décisions prises soit par l’Etat ou alors le management mis en place par l’Etat. Qui est responsable des conséquences de cette gestion chaotique ?

On constate que depuis des années se sont toujours les travailleurs, qu’ils soient chauffeur de camion ou d’avion, qui doivent toujours et encore faire des sacrifices.

Aujourd’hui on leur demande de renoncer à presque la moitié de leur rémunération, alors que l’Etat a promulgué une loi protégeant les directeurs de compagnie qui auraient failli à leurs responsabilités, cette section du COVID Act 2020 fait même l’objet d’une rétroactivité.

Est-ce que c’est pour protéger les directeurs d’Air Mauritius qui disaient en Février 2020 que tout allait très bien pour la compagnie d’aviation nationale ?

Lorsqu’au début du mois de Mars 2020 les pilotes ont proposé de revoir leurs salaires afin de soulager la compagnie en prévision de la pandémie et de la crise à venir, la direction leur a répondu par courriel que leur proposition n’était pas d’actualité. A ce moment-là, Air Mauritius n’était pas encore sous administration. Quelques semaines plus tard, les salaires de tous les travailleurs d’Air Mauritius ont été réduit de 50% par une décision prise unilatéralement. Aujourd’hui, la pandémie et la fermeture des frontières qui en résulte semble ne pas être la seule raison pointée du doigt comme étant la cause de la situation. Voici ce que dit une des clauses du « variation of collective » agreement proposé :

“The Collective Agreement signed on 01st October 2018 has been revisited to adapt the conditions of employment due to the failure of the Company and its inability to meet its wage bill both before and after the advent of the COVID-19 pandemic.”

Les administrateurs ont estimé que la priorité était de s’attaquer à la question des salaires et des conditions de travail et à obtenu, avec la signature du « variation of collective agreement », une réduction des coûts des salaires de 4 milliards (approximativement) à 2.5 milliards (approximativement).

Pourtant l’objectif d’une administration, fut-elle judiciaire ou volontaire, n’est-il pas de s’attaquer aux dépenses pouvant justifier de manière transparente que réduire ou trouver des sources de financements pour lesdites créances auraient un impact financier suffisamment important pour sauver la compagnie ?

On sait que le coût des « leases » pour les avions, dont deux avions loués à perte à la South African Airways, le coût de l’entretiens de ces avions qu’ils soient au sol ou en service, le coût des licences d’atterrissage sur les différentes destinations et bien sûre le paiement des dettes accumulés au cours des dernières années monopolise plus de 70% des dépenses d’Air Mauritius en cette période de pandémie.

Tout cela coûterait à la compagnie quelques 7 md et en comparaissons avec le coût des salaires qui équivaut à moins 25% des dépenses actuelle (2.5 Milliards), Il me paraît essentiel que le débat soit recentrer sur l’équilibre des efforts demandés. Comment se fait-il que les succès de la compagnie soient l’apparat du Premier Ministre en 2017 et aujourd’hui les conséquences financières de ce succès serait la responsabilité des travailleurs ?

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Ivor Tan Yan
Négociateur et militant engagé | « Détenteur d’un Master en Droit obtenu à l’Université Lumière de Lyon en France, Ivor Tan Yan est engagé dans la lutte pour les droits des travailleurs. Il a également participé activement dans le combat contre la carte biométrique en 2014 et le combat écologique mené par le « Kolektif Ekolozik Albion » pour la préservation d’Albion et de Pointes-aux-caves. Il est également engagé dans le combat contre la corruption auprès de l’organisation « Youth Against Corruption ». Sur la scène politique, c’est comme secrétaire général du parti 100% Citoyens qu’il promeut le mauricianisme comme solution politique pour une meilleure société mauricienne. »

2 Commentaires

  1. malgré l’internet a Maurice, beaucoup dimoune dans sa pays la pas aware ce qui p passer dans pays,dans zot travay,zot droits en tant ki travayer et en tant qui humain. merci davoir des militants engagés pour nous éclairer ivor.

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